(1) - Manin (Giorgio), officier et savant italien, né à Venise le 5 mai 1831, mort à Venise le 15 octobre 1882, fils du précédent. Encore adolescent, il concourut, aux côtés de son père, à la délivrance de sa cité. Lieutenant dans la garde civique, puis dans un corps de volontaires, il se distingua par sa bravoure pendant le siège, particulièrement à la défense du fort de Malghera. Parti pour l'exil avec les siens, il termina ses études à Paris, fut reçu à l'Ecole centrale (1852), en sortit avec le diplôme d'ingénieur métallurgiste (1855), et entra à la Compagnie du chemin de fer de l'Ouest.
Resté seul après la mort de son père, et éprouvé moralement, il retourna en Italie, chez des parents réfugiés à Gênes (décembre 1857). Quand vint la guerre en 1859, il s'enrôla et fut attaché comme lieutenant d'état-major au général Ulloa, qui avait été son chef à Venise. En 1860, il partit avec Garibaldi pour la Sicile. Blessé au pied à Calatafimi, puis à la jambe à l'attaque de Palerme, il dut finir la campagne à l'hôpital. Lors de la fusion des officiers garibaldiens dans l'armée régulière, il fut nommé lieutenant-colonel d'état-major et envoyé à Milan. Sa santé l'obligea à demander sa mise en disponibilité (1862). Il se plongea dans les recherches scientifiques.
En 1866, il reprit le service actif. Ses blessures se rouvraient sans cesse. A Custoza, ne pouvant monter à cheval, il se fit transporter en voiture sur le champ de bataille et fut blessé au bras. Quand Victor-Emmanuel fit son entrée à Venise, il voulut l'avoir à ses côtés et lui conféra le titre d'aide de camp du roi. Le 17 mars 1867, Giorgio Manin fut nommé général de la garde nationale de Venise. Il refusa tous les mandats politiques qu'on lui offrit, craignant, dans sa piété filiale, de ne pas être à la hauteur du nom de son père. Il ne lui était cependant inférieur ni par l'intelligence, ni par le coeur, ni par le caractère. Il se renferma dans la science. Mais, là encore, il se dérobait à la publicité.
Ses amis seuls connaissaient ses inventions ingénieuses et ses remarquables travaux en mathématique, en mécanique, en physique expérimentale : c'est par eux que quelques-uns ont été publiés dans les Atti dell'Ateneo Veneto et la Rivista Fisico-Industriale. D'une rare habileté de main, il construisait lui-même ses instruments, aujourd'hui pieusement conservés à Venise. C'est dans ces sévères occupations que, tourmenté de maux et tout à ses poignants souvenirs, il attendit stoïquement la mort.