Joséphine Bakhita (1869 - 1947) naît au Soudan, province du Darfour, à Olgossa, près du Mont Agilerei, dans la tribu nubienne des Dagiù. Issue d'une famille composée de quatre sœurs et de trois frères, alors qu'elle avait près de 9 ans, elle est la victime de négriers qui la vendent et la revendent plusieurs fois, sur les marchés d'El Obeid et de Khartoum, en lui infligeant de mauvais traitements. Le traumatisme est si grand qu'elle en oubliera son premier nom. C'est ainsi qu'on lui donne le nom de Bakhita, qui signifie la chanceuse. Elle appartenait à un général turc qui lui avait fait subir de cruelles scarifications quand ce dernier décida de vendre toutes ses esclaves. Bakhita est alors acquise par le consul d'Italie à Khartoum, Calisto Legnani, en 1883. Sa vie change alors radicalement. En 1885, le consul Legnani quitte le Soudan et Bakhita lui demande de l'emmener. Il accepte et ils s'embarquent avec une famille amie, les Michieli. Arrivés à Gênes, Madame Maria Turina Michieli demande à garder Bakhita à son service. Elle arrive ainsi à Zianigo, dans la province de Venise. Madame Michieli ayant eu une petite fille, Mimmina, elle en confie la garde à Bakhita qui s'en occupe avec beaucoup de tendresse. Madame Michieli confie pour une brève période sa petite fille et Bakhita à l'institut des Catéchistes de Venise, tenu par les religieuses canossiennes.(1) Et là, quand Madame Michieli veut la reprendre pour la ramener chez elle, elle demande à rester chez les religieuses. Madame Michieli refusant de se séparer de Bakhita, elle tenta de faire intervenir diverses personnalités pour la sortir de l'Institut. L'affaire alla jusqu'à un procès. Néanmoins, le 29 novembre 1889, le procureur déclara que Bakhita était libre de choisir là où elle voulait rester puisque l'esclavage n'existait pas en Italie. Le 9 janvier 1890, elle est baptisée par le cardinal de Venise, Monseigneur Agostini. Trois ans après, elle demanda à devenir religieuse, à 24 ans. La Sœur Supérieure, Anna Previtali, lui dit : « Ni la couleur de la peau, ni la position sociale ne sont des obstacles pour devenir sœur ». Le 7 décembre 1893, Bakhita rejoignit le noviciat des Sœurs de la Charité à l'institut de catéchuménat de Venise. C'est le 8 décembre 1896, à Vérone, qu'elle prononce ses premiers vœux. En 1902, elle est transférée à Schio, province de Vicenza où, pendant plus de cinquante ans, elle s'occupe de la cuisine, de la lingerie, de la conciergerie. En 1927, elle prononce ses vœux perpétuels et on lui donne le surnom de Petite Mère Noire (Madre Moretta). En 1910, elle écrivit son histoire à la demande de sa Supérieure, sœur Margherita Bonotto. Après une longue et douloureuse maladie, et une pénible agonie où elle revivait les jours de son esclavage en murmurant : « Lâchez mes chaînes, elles me font mal », elle s'éteint le 8 février 1947. Béatifiée le 17 mai 1992, elle a été canonisée par Jean-Paul II le 1er octobre 2000.