On imposa aux Juifs de payer le prix de la surveillance et deux barques devaient tourner autour de l’île toute la nuit. “La Condotta ou contrat“, un document renouvelable, dans un premier temps tous les cinq ans et plus tard tous les dix ans, définit leur statut juridique. On obligea entre autre les Juifs à prêter de l’argent dans trois banques et, à cette seule condition, la cité lagunaire leur concédait le droit de résidence, droit pour lequel ils devaient payer des impôts de plus en plus importants.
En 1541, les Juifs d'origine orientale sont à leur tour relégués dans le quartier de " la vieille fonderie " (getho vechio), et en 1633 l'ensemble est complété avec la création du getho novissimo destiné aux juifs d'origine occidentale.
Le déclin commence au XVIII ème siècle. Le poids des impôts, les revers de fortune des armateurs, l'attraction exercée par la ville de Livourne, font que les Juifs de Venise deviennent à la fois moins riches et moins nombreux. En 1766, on n'en compte plus que 1 700. Les discriminations dont ils sont l'objet ont considérablement affecté leur position sociale : la plupart font désormais office de fripiers.
En 1797, le général Napoléon Bonaparte occupe Venise. Il abolit les réglementations anti-juives et fait brûler symboliquement les portes du gheto - “afin qu’il ne subsiste plus aucune division apparente entre les citoyens de cette ville, nous ordonnons que soient démolies ces portes qui, par le passé fermaient le Gheto“. L'émancipation légale des Juifs vénitiens sera remise en question sous la domination autrichienne, puis ré-instaurée dans le cadre du royaume d'Italie créé par Napoléon (1805-1814), puis sujette aux variations politiques qui affectent la ville jusqu'à son annexion au royaume d'Italie en 1866 - date à laquelle la communauté juive de Venise devient partie intégrante du judaïsme italien.
Il y avait 1200 Juifs à Venise lors de la deuxième guerre mondiale, la plupart s’enfuirent dans des régions plus clémentes mais 289 personnes ont été déportées d’abord au camp de Fossoli, puis en camps de concentration. Seulement 8 ont survécu.
A Venise, après la publication le 1er décembre du décret Buffarini Guidi qui ordonnait le regroupement de tous les Juifs italiens, l’air devint complètement irrespirable. Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1943, la Garde fasciste républicaine et la Préfecture de police locale organisèrent une grande rafle à Venise, dans les îles et à Chioggia. Le résultat fut l’arrestation de plus de cent hommes, femmes et enfants (de 3 à 14 ans), qui furent conduits d’abord au collège Marco Foscarini et puis déportés peu après.
L’été 44, un groupe de SS de retour de Trieste fut particulièrement actif dans la chasse aux Juifs dans la zone de Venise. Dans une première rafle les SS déportèrent 90 personnes parmi lesquelles vingt-deux hôtes de la maison de repos pour personnes âgées.
Un mémorial sur le Campo de Gheto Novo, rappelle la tragédie des rafles des 5 décembre 1943 et 17 aout 1944.