Dans la nuit du 1er au 2 août 1944, la disparition d’une sentinelle allemande fut constatée. Le commandement allemand, persuadé d’un attentat commis par les partisans, n’a pas hésité à ordonner immédiatement des mesures de rétorsions.
Le 3 Août, des patrouilles allemandes ont fouillé toutes les maisons, dans la Via Garibaldi et ont arrêtés plus de 500 personnes qu'ils ont obligées à assister à l’exécution de sept prisonniers politiques. Ceux-ci n’avaient rien à voir avec cette disparition, étant déjà incarcérés à la prison de Santa Maria Maggiore.
Ils furent fusillés.
Quelques jours plus tard, les eaux de la lagune ont rendu le corps de la sentinelle, ne présentant aucune blessure. Ivre, le marin était tombé dans l’eau et s’était noyé.
Les victimes étaient :
Aliprando Armellini, 24 ans, de Vercelli, un combattant partisan ;
Gino Conti, 46 ans, chef de la Résistance dans le Cavarzerano ;
Bruno De Gasperi, 20 ans, de Trente ;
Les frères Alfredo Gelmi, 20 ans, et Luciano Gelmi, 19 ans de Trento (ces jeunes hommes étaient des insoumis de Salò) ;
Girolamo Guasto, 25 ans, d’Agrigente,
Alfredo Vivian, 36 ans, vénitien, ouvrier à Breda, commandant de l’armée partisane dans la région de Piave, le seul des sept déjà condamné à mort pour le meurtre d’un marin allemand sur la Piazzale Roma le 13 Décembre 1943, et le seul à être proposé par le commandement allemand, tandis que les six autres ont été signalés par la Questura et par le Comando della Guardia nazionale repubblicana. Alfredo Vivian fut délégué à la jeunesse communiste à Breda et à Marghera entre 1930 et 1932. En 1936, il a émigré en France. Entre 1937 et 1939, il a été bénévole pendant la guerre civile espagnole, où il fut blessé. Avec la défaite de la République Espagnole a été arrêté et emmené dans un camp de concentration en France, où il est resté pendant 2 ans et demi. En 1941 a été rendu par les fascistes français et a été condamné à cinq ans de réclusion à Ventotene. Il a été libéré le 25 Juillet 1943. Il a organisé un GAP surnommé "Venezia", opérant dans la ville lagunaire et dans la province, notamment à San Dona di Piave. Arrêté grâce à un piège tendu par les fascistes, avec la complicité de trois jeunes femmes, il a été horriblement torturé à plusieurs reprises, mais il n’a jamais parlé.