Publié en 1992, quatre ans avant son décès, traduit en français dès 1992 par Benoît Cœuré et Véronique Schiltz chez Gallimard, cette courte prose du poète et prix Nobel de littérature 1987 Joseph Brodsky constitue certainement l’une des plus émouvantes, intelligentes et sophistiquées déclarations d’amour à la ville de Venise de la part d’un écrivain.
De son premier contact avec la lagune, en 1972, jusqu’à sa mort en 1996, Joseph Brodsky, ne cessera plus de revenir à Venise, presque tous les ans, et de préférence en hiver. Les cent dix pages de ce récit aussi alerte que méditatif tentent de fournir quelques clés de cette fascination amoureuse, à la manière que le poète affectionne, mêlant anecdotes plus ou moins travesties et essentialisées aux considérations personnelles ou universelles, subtilement poétisées.
Parfois réactionnaire et grognon, parfois illuminé de beauté, capable de passer en un paragraphe d’une gentille paillardise à une érudition sans faille restant toujours digeste, Joseph Brodsky nous offre une ode très personnelle à une Venise qui n’est ici que rarement celle des cartes postales et des touristes occasionnels, sans devenir celle, invisible, des Vénitiennes et des Vénitiens, mais bien celle qui naît d’une longue et intense familiarité reconduite d’année en année.
Une lecture vraisemblablement indispensable pour toutes les amoureuses et amoureux de Venise et du langage.