Le Convertite sur des plans de situation anciens :
Le Convertite sur un plan en élévation ancien :
Traduction Jean et Bernard Huré
"Cet édifice, déjà consacré à Sainte Marie Magdeleine pour les femmes qui s’étaient détournées de la fange des vices vers dieu en adoptant la règle des augustiniennes, l’empereur d’Autriche François Joseph I l’a confié aux sœurs de Saint Vincent de Paul, exemple nouveau de piété et il les remit presque complètement dans le droit chemin, elles qui étaient condamnées à rester en prison. Il leur a rendu visite, en grande pompe, le 14 des calendes de Janvier 1857."
Il s'en est passé des choses dans ce couvent.
Giovan Pietro di Valmonica était le recteur et père spirituel du monastère des Convertite à la Giudecca. Avec l'accord (tacite) des autorités religieuses, il régnait comme un sultan sur les quelques quatre cents religieuses, la plupart jeunes et belle, du couvent, comme l'écrivit le nonce apostolique de Venise Ippolito Capilupi dans une lettre au cardinal Carlo Borromeo en novembre 1551.
En confession, il se mettait à faire la cour aux pénitentes, leur promettant cadeaux et faveurs si elles ne faisaient pas les farouches, tandis qu'elles se voyaient refuser les sacrements si elles hésitaient. Aux têtues récalcitrantes, il faisait ouvrir les portes du cachot, les torturant pour mieux les dompter.
En été, il ordonnait que les plus belles et les plus " en forme " se baignent nues auprès de barques où il en choisissait une chaque jour. Ces diaboliques luxures ne lui suffisaient pas. Il se faisait remettre le bénéfice de toutes les quêtes, obligeaient les sœurs à broder des nappes et à faire des travaux d'aiguille, dont lui seul encaissait les gains pour se procurer les meilleurs vins et mets. Et si quelqu'une restait enceinte : pas de problème, il la faisait avorter. Il se donna ainsi la belle vie pendant 19 ans, sans que les autorités civiles ou religieuses aillent contrôler si les commérages qui courraient en ville sur lui, avaient quelque fondement.
Durant son procès, il admit seulement avoir eu des rapports avec 20 religieuse, dégageant la mère supérieure de toute complicité. On ne le crut pas puisque la supérieure fut elle même condamnée à la prison jusqu'à la fin de sa vie.
Lui, emmené entre les deux colonnes de la Piazzetta le 10 novembre 1561, eut la tête tranchée devant une grande foule devant laquelle il eut des paroles de repentir.
Un premier noyau religieux fut installé par la volonté de la fille de Frederic Barberousse. Un oratoire dédié à Sainte Marie Madeleine fut érigé au milieu du XVIème siècle avec un petit couvent destiné aux pécheresses repenties qui désiraient se consacrer à Dieu suivant la règle de Saint Augustin. L'oratoire fut restaurée et à nouveau consacré en 1579. L'oratoire et le couvent furent déconsacrés en 1849 pour être transformés en Hôpital militaire. Depuis 1857, c'est la prison pour femmes. Un lieu de culte y existe toujours.