Quand on se promène à Venise, les noms des palais, rues, ponts, campo, les plaques commémoratives, les monuments dans les église évoquent très souvent, les mêmes patronymes : Corner, Vendramin, Foscari, Cocenigo, Loredan, Mocenigo. Contarini, Venier, Falier...
Mais que représentent ces noms que l'on trouve dans tous les secteurs de la ville ?
Ce sont les noms des familles nobles de Venise, à l'origine, marchands, banquiers, navigateurs. Familles qui  ont fait la la richesse, la renommée, parfois la  déchéance et la perte de la Ville et de son régime atypique.
La “noblesse“  de Venise n'est pas une “noblesse“ titrée comme dans les autres pays d'Europe, mais une noblesse de bourgeois, patriciens mais qui petit à petit a confisqué le pouvoir au détriment des autres couches de la société en constituant une république oligarchique qui a su se maintenir jusqu'en 1797.
Nous avons donc décidé d'en savoir un peu plus.
Joseph Heintz l'Ancien (1564-1609)
Francesco Guardi - Musée du Louvre
Le membres masculins de plus de 25 ans de ces familles, après vérification de leurs droits inscrits sur le "Livre d'or" (Libro d'Oro) de la noblesse vénitienne, participaient de droit au Maggior Consiglio.
Le Maggior Consiglio "Grand Conseil"  (Mazor Consejo en vénitien) était l'organe politique le plus important de la République de Venise. Il se réunissait dans une grande salle qui lui était destinée dans le palais des Doges. Ce conseil, qui disposait de pouvoirs illimités et souverains sur n'importe quelles questions, élisait le Doge suivant une procédure très complexe. Tous les autres conseils ou magistratures dépendaient de lui.
Les familles nobles de Venise ou patriciens de Venise se classent en trois grands groupes (eux mêmes subdivisés) selon leur ancienneté :
 
1 - Les Case Vecchie, "maisons anciennes",  ou Longhi ("lunghi"), noyau des premiers nobles vénitiens (24) :
         Les familles apostoliques ou tribunices qui furent tribuns chacune d'une des douze îles. (12)
         Elles furent présentes en 697 à la nomination du premier doge de Venise.
         Les familles dites évangéliques, qui avaient participé à la fondation du monastère de San Giorgio Maggiore. (4)
         Les familles présentes à Venise depuis les temps les plus anciens (presenti a Venezia sin dai tempi più antichi). (8)
                  
2 - Les Case Nova "maisons nouvelles", accueillies dans la noblesse avant que la loi fermât l'accès au patriziato en 1320 :
         Les familles entrées de droit au Maggior Consiglio en 1297 ;
         Les familles s'étant établies à venise après des troubles à  Constantinople en 1229, cooptées en 1298.
         Les familles s'étant établies à Venise après la chute d'Acre en 1291, cooptées en 1303 ;
         Les familles s'étant distinguées dans la guerre avec Gênes, cooptées en 1310.
 
3 - Les Case Novissime "maisons les plus nouvelles" :
      Les familles qui ont eu accès au patriziato de façon exceptionnelle à l'occasion de la guerre de Chioggia de 1381
       Les familles entrées par l'argent "Case fatte per soldo" après avoir versé 100 000 ducats dans les caisses de l'état :
              Les familles entrées entre 1646 et 1669 durant la Guerre de Candie
              Les familles entrées entre 1684 et 1718 durant la guerre de Morée
      Les famille de terre ferme cooptées après 1775.